Les lèvres de la jeune femme était gercées. Deux poches sombres pouvaient se voir sous ses yeux. Sa tenue encore si propre lors de son arrivé, traînait maintenant par terre avec des trous ici et là. Ses propres pieds trainaient par terre, faisant voleter en tout sens la poussière derrière elle. Avec un peu d'ingénuosité, pour une fois... Haru San avait confectionné une gourde, d'accord peu résistante, mais tout de même un contenant pouvant garder un peu d'eau prélevé à la Rivière Creuse il y a de cela bien longtemps maintenant. Parfois, elle pouvait trouver un peu d'eau en creusant le soir dans cette putain de terre. D'autre fois, elle se mettait carrément à lécher les cailloux à l'aube. Elle les aimait ces couillons de cailloux.
Pour rétablir l'équilibre de cette salope d'histoire, Haru San avait paumé son groupe il y a quelques temps déjà. Tout c'était passé assez vite alors qu'une tempête les avait terrassé en un rien de temps. Jamais elle n'aurait pu s'imaginer en sortir vivante. Mourir, elle s'y était faite à l'idée. Étrangement, sur Terre aussi elle pouvait crever à chaque instant de sa misérable vie. Ce détail là lui avait laissé beaucoup de réflexion depuis son arrivé. Elle ne ressentait peut-être pas la peur de la mort en se sentant utile au Japon. Là, il n'y avait plus d'enjeu, plus rien. Bref... la tempête les avait balayé. Des éclairs pourpre étaient tombés du ciel, cramant un prisonnier sous ses yeux. Même cette fada de Selena, elle l'avait perdue de vue. Pendant quelques jours, elle avait entendu dans sa tête son horrible petite voix d'enfant et son sourire infernale, puis les jours étaient passés et ses pattes s'étaient peu à peu traîné.
Si sa vie se résumait maintenant à avancer en bouffant des insectes et en léchant des pierres, le paysage lui, avait bien changé. La terre grise et noire avait été remplacé peu à peu par une terre plus ocre et les quelques reliefs avaient totalement disparus. Maintenant, tout était plat, archi plat. Ses yeux en amendes fixaient depuis plusieurs jours un point dans cet espèce de champ. Elle n'avait aucune idée de ce que c'était.
Ce jour-là, alors qu'elle se réveillait doucement en toussant sans doute du sable, une lueur attira son regard. Plissant les yeux, le cerveau au ralenti, Haru San comprit que l'aube était loin d'être là mais qu'il s'agissait plus du crépuscule. Quelle ironie, elle s'était évanouie pendant sa putain de marche et elle était concrètement en train de congeler sur place. Quel puissance lui avait fait l'envie d'ouvrir les yeux ? Peu importait, se relevant avec peine, la jeune femme accéléra l'allure en tombant presque à chaque pas comme une demeuré. Elle en avait rien à foutre, là bas, il y avait un semblant de feu, et là-bas, il y avait des gens. Même si c'était des gros tueur, elle en avait rien à battre, elle aussi avait tué, elle n'était plus du tout à ça près. C'était fou comment Skorpionis pouvait être aussi forte.
- Hé... essaya t'elle de crier en croassant. HÉ HO !
Un crapaud, elle était devenue un crapaud.
- Bordel Haru t'es qu'une grosse merde ! cracha t'elle en tomba par terre. Le froid lui engourdissait les pieds et les doigts. Le feu était si proche. Si c'était bel et bien un feu...
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